' En 1638, un théologien, dont la vie entière s’était absorbée dans la méditation des mystères de la foi, mourut en Hollande en léguant à ses héritiers un volumineux manuscrit qu’il avait, à différentes reprises, refait, corrigé, recopié de sa main. Le théologien recommandait à ses exécuteurs testamentaires de soumettre son œuvre à l’examen du Saint-Siège, et de la faire disparaître, si la sagesse des prélats romains y trouvait quelques doctrines contraires aux enseignements de l’église. Malgré cette volonté suprême, qui témoignait d’un respect profond pour la tradition catholique, le livre fut donné au public tel qu’il avait été écrit. Le théologien, c’était Corneille Janssen ou Jansenius, évêque d’Ypres. Le livre, c’était l’Augustinus, commentaire obscur et diffus des opinions de saint Augustin sur la grâce, ouvrage aride et d’autant plus inextricable que saint Augustin n’avait point, toujours été d’accord avec lui- même...'